lundi 14 mars 2011

Impatience

Penser qu’il suffirait d’une Révolution bien menée pour que tout change, que tout devienne limpide, que tout un peuple si longtemps bâillonné devienne majeur, serait ignorer que le grand temps des souffrances a marqué au fer rouge son territoire.


Balayer d’un seul coup tant d’années d’amères tortures, les nuits de cauchemar ; laisser le temps dans sa force de Révolution. Faire le lit à la démocratie.


La Révolution peut mener vers la démocratie. Elle doit même la construire. Elle a l’obligation dans sa finalité de surmonter tous les doutes et de franchir tous les obstacles. Aussi, que la rue tunisienne continue à mettre forte pression sur les administrations, sur les nouveaux et anciens responsables, tout ceci est légitime et parfaitement recevable. La justice, d’une certaine façon, doit passer et montrer que son rôle, de figuration complaisante doit devenir le premier, celui sur lequel on s’appuie. Celui sur lequel l’avenir de la nation se construira.


La démission d’un ancien Premier Ministre, lui-même colocataire d’une clique corrompue, est d’une logique implacable. Celles des autres collaborateurs ayant participé à cette corruption l’est tout autant. Car à Nouvelle Maison, nouveaux occupants et nouvelle disposition.


Une révolution reste une Révolution. Le changement radical et profond en est l’essence même. Que tous les citoyens démocrates tunisiens sachent que leur vérité est universelle, inébranlable, remplie de jouvence mais d’une maturité sans doute. La force de tout le peuple est la dimension de son invincibilité. Peu importe que parfois la raison verse dans un certain à peu près. Il lui faut impérativement sceller la pierre du changement, semer tous ces petits cailloux qui forment les grands chemins. Sans aucune attente d’une quelconque logique d’indécis en retard sur l’Histoire.


La détermination, en ces temps de jours et de nuits confondus dans le doute, est le meilleur allié d’un peuple au milieu du guet. Il faut, aux Tunisiennes et Tunisiens, relever le gant de leur victoire, sans attendre, sans trop non plus se poser la question de savoir si le bien et le mal ont plus d’importance que la jouissive victoire.


La jeunesse n’a pas trop de patience. Le monde du XXIème siècle, lui, n’en a pas du tout !


La liberté devient une réponse dès l’instant où l’on prononce son nom. Une réponse qu’aujourd’hui, chacun, de Bizerte à Tunis, de Tunis à Gabès peut définir et porter en lui pour transmettre à son prochain. Garder le cap, rester vigilant. Le cœur des hommes, entre larme et sourire, entre doute et témérité, voilà son esprit démocratique !


La barre haute du changement sera le nouveau record d’un monde tunisien où la souffrance sera vaincue !


André Demptos