Exprimons-nous!

Apparemment le Président Marzouki s’inquièterait, se scandaliserait même, sur l’image
profondément négative que son pays véhiculerait à travers le monde, en France plus précisément, et par la déformation qui en serait faîte. C'est-à-dire que tout ce que nous voyons aujourd’hui,  tout ce qu’on nous rapporte, tout ce dont le peule se plaint, en particulier
les vrais révolutionnaires et non ceux qui sont sortis de leur cachette à ce moment là (!) tout cela serait donc pure imagination, exagération, donc faux !!

Alors, pour mémoire, nous aimerions, j’aimerais, lui rappeler quelques informations, quelques faits qu’il aurait peut être occulté , absorbé qu’il est par « l’immense tâche » à laquelle il se consacre « chaque matin » : le redressement définitif de son pays pour le bien de tous !
J’aimerais, avec une certaine neutralité, lui rappeler  que la Révolution, celle à laquelle il n’a pas participé, s’est faîte malgré tout sans lui,  dans une douleur qu’a mon sens il ne perçoit toujours pas, qu’il ne fût jamais question de lui dans les slogans entendus dans les rues alors,
Qu’il n’était même pas présent durant tous ces jours sombres et d’espérances, que les jeunes de Kasserine et d’ailleurs ne l’ont jamais attendu, qu’il est surtout là aujourd’hui par une magie dont lui-même ne peut se rendre compte, qu’il est, certes, président, mais en intérim ;
Qu’il a aussi passé un certain temps en France en exil, et je crois savoir qu’on l’entendait un peu moins parler avec autant de détermination  qu’il n’y met aujourd’hui dans sa rancœur. Quand un président, quel qu’il soit, se dit « accablé, scandalisé, blessé, indigné » là,
franchement, on peut s’interroger sur ses vraies compétences diplomatiques. Surtout  quand quelques semaines plus tôt on a été reçu avec courtoisie et sympathie par un nouveau président élu bien loin des pensées négatives du précédent.
Et puis, enfin, aujourd’hui qui pourrait revendiquer le droit d’être « accablé, scandalisé, blessé, indigné » ?
Les pauvres migrants ( ?) leurs familles ( ?) morts au milieu d’une mer qui a creusé leurs tombes ? Tandis qu’ils cherchaient pour beaucoup d’entre eux une dignité, une liberté, qu’il a été incapable, lui, de le leur confirmer ? Ou bien  tous ces jeunes, laissés pour compte à Kasserine ou ailleurs ,à qui pour seule réponse on envoie gaz lacrymogène ,police toujours, et armée encore. Où peut-être veut-il parler de ce redressement économique  tant attendu mais, comme l’Arlésienne, qu’il est incapable d’aborder et de montrer qu’il existe !!  Où sans doute,
voudrait-il nous parler de ses amis de la troïka au milieu desquels il est un roi fantoche sans couronne. Même pas un aigle à deux têtes puisque la sienne ne compte pas.
Aussi, de grâce, monsieur le président, ne vous trompez pas de cible.
Mettez votre énergie, votre courage et votre obstination aux vrais problèmes qui
angoissent chaque nuit les enfants de Tunisie.
Prenez de la hauteur en somme. La hauteur, voilà ce qu’il vous faut atteindre !
A moins que celle-ci ne soit vraiment hors de votre portée ?
Et cessez de croire que l’on cherche à stigmatiser qui que ce soit
Pour conclure, prenez garde aux faux amis qui vous paraissent remplis de bonté
Le sabre n’a jamais été l’argument d’une fraternité

André Demptos.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire